Anton Ivanovitch Dénikine (Антон Иванович Деникин) (1872, à Włocławek, Gouvernement de Varsovie, alors dans l’Empire russe – 1947, à Ann Arbor, États-Unis), général russe, chef d'état-major dans les armées de la Russie impériale pendant la Première Guerre mondiale, commandant en chef de l'armée des volontaires pendant la guerre civile russe
Investi de facto de pouvoirs dictatoriaux et partisan d'une monarchie constitutionnelle, Dénikine ne se reconnaissait pas le droit de décider du régime d'un futur État russe avant la réunion d'une assemblée constituante. Il tenta de rassembler de larges couches de la population autour du mouvement blanc sous les devises « combattre le bolchevisme jusqu'à la fin », « une Russie grande, unie et indivisible », « libertés politiques ». La position de Dénikine sur la question linguistique en Ukraine est exposée dans le manifeste À la population de la Petite Russie (1919) : « Je déclare que la langue officielle sur tout le territoire de la Russie est le russe mais j'estime qu'il est inacceptable et j'interdis de réprimer la langue petit-russe. Chacun peut parler dans les institutions locales, zemstvos, lieux publics et tribunaux en petit-russe. Les écoles locales financées sur des fonds privés peuvent enseigner dans n'importe quelle langue. Les écoles publiques… peuvent instaurer des cours de la langue populaire petit-russe… Également il n'y aura pas de barrière pour la langue petit-russe dans la presse ».
Après l'arrivée d'Adolf Hitler au pouvoir en Allemagne en 1933 et malgré son hostilité intransigeante vis-à-vis du communisme, Dénikine affirme son soutien à l'Armée rouge face à la menace d'une invasion de l'Union soviétique par l'Allemagne nazie, qualifiant Hitler de « pire ennemi de la Russie et du peuple russe ». Au milieu du mois de mai 1940, devant l'avancée des troupes allemandes lors de la bataille de France, le général accompagné de sa femme fuit Bourg-la-Reine et fait partie des 863 réfugiés établis à Mimizan, dans le département des Landes. Dès mars 1945, un éditeur new-yorkais propose au général de publier ses mémoires. Le contrat est signé le 4 avril 1945 et le couple quitte définitivement Mimizan le 29 avril 1945, d'abord pour Paris, avant de pouvoir embarquer pour les États-Unis. Il s'éteint paisiblement dans son lit en 1947 à Ann Arbor dans le Michigan. Peu avant de mourir, il achève plus de 2000 pages de ses Mémoires, dont le livre III s'ouvre par une réflexion sur la nature et l'ampleur de la révolution russe de 1917.
Ses dernières paroles sont : « Je ne verrai jamais la résurrection de la Russie ».
Le 3 octobre 2005, ses restes ont été ensevelis dans une tombe du cimetière du monastère de Donskoï, non loin de celles du philosophe russe Ivan Iline, transférées aussi ce même 3 octobre. Dans le même cimetière, reposent également l'écrivain Ivan Chmeliov mort en exil et enterré en l'an 2000, le dernier patriarche de la Russie impériale Tikhon, détenu jusqu'à sa mort dans le monastère et Alexandre Soljénitsyne. Avant de mourir, Ivan Chmeliov avait envoyé une photo à Dénikine au dos de laquelle il avait écrit: « Nous nous retrouverons peut-être un jour à Moscou ».
Le transfert de sa dépouille a donné lieu à des cérémonies officielles organisées par le gouvernement de Vladimir Poutine dans un souci de réconciliation nationale.
Sa fille Marina Grey, productrice et historienne, avait épousé Jean-François Chiappe, lui aussi historien. Elle avait récemment reçu la nationalité russe en plus de sa nationalité française.
La caricature