Juifs





Le Mur des lamentations, 1884, Vassili Verechtchagine

Les Juifs de Russie, une histoire houleuse et douloureuse.
Antijudaïsme, pogroms, anti-antisémitisme, antisionisme et Birobidjan...

« Je ne saurais parler de l’antisémitisme, de la haine des Juifs, comme il conviendrait d’en parler. Non pas que je manque de forces ou de paroles mais parce que je me trouve devant un obstacle infranchissable. J’aurais où trouver des expressions assez virulentes et acérées pour les lancer à la figure de ceux qui haïssent l’homme, mais pour ce faire, je devrais descendre dans un trou sale, me rabaisser au niveau de gens que je ne respecte pas  et qui provoquent en moi un dégoût organique.
Je suis tenté de croire que l’antisémitisme est indiscutable comme le sont la lèpre et la syphilis, et que le monde ne sera débarrassé de cette maladie honteuse que grâce à la culture qui nous libère lentement, il est vrai, des maux et des vices.
Bien entendu, cela ne nous dégage pas du devoir de lutter par tous les moyens contre la croissance de l’antisémitisme, de préserver, dans la mesure de nos forces, les hommes contre cette contagion, car le Juif de mon temps m’est proche et je me sens coupable à son égard. Je suis un de ces Russes qui admettent l’oppression du peuple juif. Or, c’est un bon peuple ; je sais que certains grands penseurs européens considèrent qu’en tant que type psychique, le Juif est plus beau et se trouve à un niveau de culture plus élevé que le Russe. Je crois que cette appréciation est juste ; autant que je puisse en juger, les Juifs sont des Européens, plus que ne le sont les Russes, ne serait-ce que pour cette raison qu’ils nourrissent un profond respect à l’égard du travail et de l’homme. Je suis étonné de la fermeté spirituelle du peuple juif, par son idéalisme viril, par sa foi inébranlable en la victoire du bien sur le mal, en la possibilité du bonheur sur terre.
Le peuple juif, ancien et puissant, ferment de l’humanité, a toujours  ennobli l’esprit de celle-ci en apportant au monde des pensées élevées et inquiètes, en éveillant chez les hommes une aspiration vers le mieux. »

Maxime Gorki, Le bouclier, 1915 (Recueil d’articles d’écrivains russes), in L’Univers israélite du 4 septembre 1936.

















































Les Protocoles des sages de Sion, un sinistre faux fabriqué par la police tsariste, et qui a encore de beaux jours devant lui...















Proverbes russes antijuifs
-Черти и жиды – дети Сатаны.
-В том вся правда, что от жидов вся неправда.
-В жидах лжи, что в полях ржи.
-Поля засевают рожью, а жиды все вокруг ложью.
-Язык жидовский всегда врёт, будто редьку трёт.
-У жида два языка - один Богу досаждает, а другой христиан дурачит.
-Жид обманом город берёт.
-Слушать жида можно, да верить невозможно.
-Тогда жид не соврёт, когда бес помрёт.
-Жид правду золотом засыпает, а она всплывает.
-Тогда на свете рай будет, когда жид правду скажет.
-Льстив жид в бедности, нахален в равности, изверг при властности.
-Не ищи жида – сам придёт.
-Жид не волк – в пустой сарай не заберётся.
-Жида, как дырявый мешок, никогда не насыплешь.
-Жид крещёный, что вор прощёный.
-Чтобы выгоды добиться, жид всегда готов креститься.
-Любят в плен жиды сдаваться, чтоб врагу потом продаться.  
-Жид, как свинья: ничего не болит, а всё стонет.
-Жид скажет, что бит, а за что – не скажет.
-Жидовские дети хуже, чем крысы в клетке: и добру навредят, и детей развратят.
-Жид хоть и не зверь, а ему не верь.
-Жиду верить, что воду ситом мерить.
-Жид обманом сыт.
-Жид правды боится, как заяц бубна.
-С жидом знаться – с чёртом связаться.
-Жид в деле, как пиявка в теле.
-Пока при капитале – у жида ты в похвале; как он тебя обобрал, так тебя же из дому погнал.
-Кто у жида покупает, тот себе могилу копает.
-Жидовского добра в дом не бери и жиду правды не говори.
-С жидом найдёшь, да не разделишься.
-Русский вор лучше еврейского судьи.
-Кто служит жиду – не минует беду.
-Легче козла живого сожрать, чем жида переделать.
-У жида и чёрт в няньках служит.
-Саранча урожай пожрёт, а жид последнюю рубаху сдерёт.
-Жид водкой угостит, а потом и споит.
-Где жид проскачет, там мужик плачет.
-У жида лечиться – смерти покориться.
-Стерегись жида пуще огня: вода огонь потушит, а жид тебя задушит.
-Где хата жида, там всей деревне беда.
-Чтоб не прогневался бог, не пускай жида на порог.
-Жид в хату, ангелы из хаты.
-Жид, что крыса – силён стаей.
-Нет рыбы без кости, а жида без злости.
-Кто жиду волю даёт, тот сам себя продаёт.
-Дай жиду потачку, всю жизнь будешь таскать для него тачку.
-Любовь жида хуже петли.
-Жиду в морду двинешь – на весь свет вой подымешь.
-Жид хорош только в могиле.
-Хочешь жить – гони жида.
-Не умеешь шить золотом, так бей жида молотом.
-С жидом разговориться, что яду напиться.
-Раз солгал – навек жидом стал.
-Я жиду по секрету, а он по всему свету. 
-С жидом дружись, а за топор держись.
-Искру туши до пожара, жида души до удара.
-Хочешь с жидами покою – готовься к бою.
-На языке жида мёд, а под языком лёд.
-Хвостом жид виляет, а зубы скалит.
-Не подпускай вора к ниве, а жидов к России.
-Грозен жид за горами, а грозней за плечами.
-Сколько жидов – столько врагов.
-На жида и вилы ружьё.
-Жиды да черти одной шерсти.
-Жида любишь – Родину губишь.




Trotski


















Churchill








L'antijudaïsme, dans le cadre de l'athéisme militant

L'antisionisme soviétique





















































































Yidich:
די רעאלקײט פונ אונדזערע פּלענער׃ דאַס זײנענ מיר מיט איכ
"La réalité de nos plans: Nous sommes avec vous."



























Golda Meir, ambassadeur d'Israël en URSS en 1948



















La tragédie de Babi Yar






Гражданский долг еврея, или еврей-доброволец (1915)

Четвёртая жена (1918)

Еврейское счастье (1925)

Его превосходительство (1927)

Мабул (1927)

Человек из местечка (1930)

Возвращение Нейтана Беккера (1932)

Граница (1935)

Искатели счастья (1936)
















































Un film primé sur le destin des migrants russes en Israël: The children of USSR (2005)

Русские евреи, un documentaire très personnel de 2016



Le Birobidjan












































Мандрівні зорі (1926)

Крізь сльози (1928)
























Иллюстрированная Россия (Paris), 1936




Avigdor Lieberman, né à Kichinev





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Un cas délicat: l'antijudaïsme-antisémitisme de Dostoïevski




Extraits:
(...) et je sais qu'on va me crier à l'instant que tout cela ne prouve rien, que tout vient de ce que les Israélites sont eux-mêmes opprimés, eux-mêmes misérables, que tout cela n'est que "lutte pour l'existence", que seul un sot peut ne pas s'y reconnaître, et que si les Israélites n'étaient pas eux-mêmes si pauvres, si au contraire ils s'enrichissaient, ils se révéleraient en un clin d'oeil sous l'aspect le plus humain, si bien qu'ils feraient l'admiration du monde.

Et au lieu que son influence contribue à relever ce niveau d'instruction, à répandre davantage les connaissances, à éveiller des capacités économiques dans la population de souche, au lieu de cela, partout où s'est installé l'Israélite, il a encore avili et corrompu davantage le peuple, la qualité humaine s'est encore amoindrie, le niveau d'instruction a encore baissé et plus répugnante encore s'est répandue une misère sans issue, inhumaine, et avec elle le désespoir.

(...) et ce que réserve l'avenir, les Israélites, eux, le savent: c'est leur règne qui approche, leur règne total ! Voici venir le plein triomphe d'idées devant lesquelles succomberont les sentiments de charité humaine, la soif de vérité et de justice, les sentiments chrétiens, le sens national et jusqu'à la fierté nationale des peuples européens. Voici venir par contre le matérialisme, la soif aveugle et charnelle de sécurité matérielle personnelle, la soif d'accumuler par tous les moyens l'argent pour soi seul (...)

On croirait que ce n'est pas eux qui règnent en Europe, qui dirigent ne serait-ce que les Bourses, et partant la politique, les affaires intérieures, la morale des États.

Or, figurez-vous, quand j'ai lu cela, je me suis tout de suite rappelé qu'il y a cinq ans déjà c'est cela même qui m'était venu à l'esprit, à savoir précisément que les nègres étaient maintenant émancipés des planteurs esclavagistes, mais qu'ils les ont déjà pris en mains à leur manière, par le moyen bien connu de leur sempiternel négoce de l'or et en tirant profit de l'inexpérience et des vices de la race qu'ils exploitent.

(...) il faut bien qu'elle soit née de quelque chose, cette haine, elle a bien tout de même une signification, cette haine universelle, "cela signifie tout de même quelque chose, le : tous!" comme s'écriait un jour Biélinski (...)

Retire-toi d'entre les peuples et fais bande à part et sache que tu es désormais le seul peuple de Dieu, les autres extermine-les, ou réduis-les en esclavage, ou exploite-les. Crois en ta victoire sur le monde entier, crois que tout te sera soumis. Aie-les tous en sévère horreur et ne fraie avec aucun dans ta vie quotidienne. Et même quand tu seras dépouillé de ta terre, de ta personnalité politique, même quand tu seras dispersé par toute la surface de la terre et parmi tous les peuples, n'importe, crois à tout ce qui t'a été promis une fois pour toutes, aie foi que cela sera, en attendant continue de vivre, de mépriser, d'être uni et d'exploiter, et patience, patience (...)

Dostoïevski: «La question juive», Journal d'un écrivain, mars 1877














Quelques études:
Leonid Grossman: Confession d'un Juif. Suivi de Dostoïevski et le judaïsme, 1924, rééd. Phébus, Paris, 2001

David I. Goldstein: Dostoïevski et les Juifs, Gallimard, Paris, 1976


Jacques Rolland: Dostoïevski. La question de l'Autre, Verdier, Lagrasse, 1983
L'auteur dénonce l'«antisémitisme préhitlérien» de Dostoïevski.

Jean-Luc Évard: Signes et insignes de la catastrophe. De la swastika à la Shoah, éd. de l'éclat, Paris / Tel Aviv, 2005

Extraits:






Voir encore:
Fadieï Lovsky: Antisémitisme et mystère d'Israël, Albin Michel, Paris, 1955

On trouve çà et là des allusions aux positions antisémites de Dostoïevski, mais le plus souvent relativisées.

On lit ainsi, dans V. Ermilov: Fédor Dostoïevski, éd. en langues étrangères, Moscou, 1956:
«Les lecteurs soviétiques ne peuvent lire sans un serrement de cœur les tirades méprisantes de Dostoïevski contre les Polonais, les Allemands, les Américains, les Juifs! La honte que nous éprouvons devant cet aspect ténébreux de l'œuvre de l'écrivain russe est grande, et si quelque chose l'atténue, c'est notre compréhension de la profonde tragédie d'un artiste qui s'égara dans la nuit en cherchant le "salut de l'humanité".»


L'antisémitisme de l'anarchiste Bakounine (dont Wagner fut un disciple)
Les Juifs constituent aujourd'hui en Allemagne une véritable puissance. Juif lui-même, Marx a autour de lui, tant à Londres qu'en France et dans beaucoup d'autres pays, mais surtout en Allemagne, une foule de petits Juifs, plus ou moins intelligents et instruits, vivant principalement de son intelligence et revendant en détail ses idées. Se réservant à lui-même le monopole de la grosse politique, j'allais dire de la grosse intrigue, il leur en abandonne volontiers le côté petit, sale, misérable, et il faut dire que, sous ce rapport, toujours obéissants à son impulsion, à sa haute direction, ils lui rendent de grands services: inquiets, nerveux, curieux, indiscrets, bavards, remuants, intrigants, exploitants, comme le sont les Juifs partout, agents de commerce, bellettristes, politiciens, journalistes, courtiers de littérature en un mot, en même temps que courtiers de finance, ils se sont emparés de toute la presse de l'Allemagne, à commencer par les journaux monarchistes les plus absolutistes, et depuis longtemps ils règnent dans le monde de l'argent et des grandes spéculations financières et commerciales: ayant ainsi un pied dans la Banque, ils viennent de poser ces dernières années l'autre pied dans le socialisme, appuyant ainsi leur postérieur sur la littérature quotidienne de l'Allemagne... Vous pouvez vous imaginer quelle littérature nauséabonde cela doit faire. Eh bien, tout ce monde juif qui forme une seule secte exploitante, une sorte de peuple sangsue, un parasite collectif dévorant et organisé en lui-même, non seulement à travers les frontières des États, mais à travers même toutes les différences d'opinions politiques, ce monde est actuellement, en grande partie du moins, à la disposition de Marx d'un côté, et des Rothschild de l'autre. Je sais que les Rothschild, tout réactionnaires qu'ils sont, qu'ils doivent être, apprécient beaucoup les mérites du communiste Marx; et qu'à son tour le communiste Marx se sent invinciblement entraîné, par un attrait instinctif et une admiration respectueuse, vers le génie financier des Rothschild. La solidarité juive, cette solidarité si puissante qui s'est maintenue à travers toute l'histoire, les unit.

(Œuvres complètes, éditions Champ libre, 1974, volume 2, L'Italie 1871-1872, page 109.)

Le fils adoptif juif de Gorki



Bounine, fait Juste parmi les nations